S’il y a bien un métier qui ne souffre pas de la crise en France, c’est celui d’infirmière libérale. Ce n’est pas la crise de la Covid qui va le démentir. De nombreuses professionnelles, lassées du manque de personnel dans les services hospitaliers, de la non-reconnaissance par leur hiérarchie ou des salaires proposés par la fonction publique hospitalière, se tournent vers les soins à domicile. Afin de travailler de façon autonome, sans hiérarchie directe et pouvoir choisir leur partenaire, les infirmières se tournent de plus en plus vers le libéral. Comme toute entreprise, ouvrir son cabinet d'infirmière libérale demande de se plier à certaines formalités.
Être infirmière nécessite de nombreuses qualités : l’empathie, l’endurance, l’organisation, la polyvalence, le sens du relationnel, la motivation, l’écoute, mais surtout la patience. L’infirmière libérale doit faire preuve d’adaptabilité dans son travail, avoir le sens des priorités et faire face aux situations d’urgence. En plus de son travail quotidien auprès des patients, elle doit gérer toute la partie administrative inhérente aux soins qu’elle prodigue. Pour être infirmière libérale, vous devez tout d’abord être infirmière évidemment, et cela passe par l’obtention d’un diplôme d’État. Vous devez également justifier de 24 mois d'exercice en milieu hospitalier, soit 3200 heures de travail. Ces conditions s’appliquent également aux infirmières remplaçantes. L’infirmière libérale prodigue des soins de plusieurs natures : les soins de nursing auprès des personnes ayant perdu de l’autonomie (toilette, aide au lever et au coucher, changement de protection, changement de position, aide à l'habillage et au déshabillage…) ainsi que des soins techniques comme la pose ou le changement de perfusion, les bilans sanguins, les injections intramusculaires ou sous-cutanées ou les pansements de plaies.
L’étude de marché et le business plan vous permettent d’assurer la pérennité de votre cabinet en étudiant la concurrence, en établissant une liste des frais à prévoir pour la création de votre entreprise (stock de matériels, véhicule, locaux…). Le choix de votre implantation peut être déterminant pour la durabilité de votre cabinet. Faites un tour d’horizon du nombre d’infirmières libérales déjà implantées dans le secteur géographique que vous avez déterminé, choisissez de vous implanter à la ville ou à la compagne, de louer ou d’acheter un local pour votre seule utilisation ou bien de vous associer à un cabinet déjà existant, dans une maison de santé par exemple afin de partager les frais.
Le choix le plus courant pour une activité d’infirmière libérale est le statut de société d’exercice libéral (SEL). Si vous choisissez d’ouvrir un cabinet avec au moins 2 associées, vous avez le choix entre la SELAS (société d’exercice libéral par action simplifiée) ou la SELARL (société d'exercice libéral à responsabilité limitée). Si vous préférez ouvrir votre cabinet seule, votre choix se fera entre la SELASU (société d’exercice libéral par action simplifiée unipersonnelle) et la SELARLU (société d’exercice libéral à responsabilité limitée unipersonnelle). Le statut d’autoentrepreneur ne vous est pas autorisé, car vous dépendez du régime de retraite du CARPIMKO (caisse autonome de retraite et de prévoyance des infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues, orthophonistes et orthoptistes) et non de la CIPAV (caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance vieillesse). Seule la CIPAV donne droit au régime d’autoentrepreneur. Pour tous ces différents aspects juridiques, il est conseillé de faire appel aux compétences d'un expert-comptable.
Pour les avantages, citons par exemple la flexibilité de votre temps de travail, le choix de votre rémunération en fixant vous-même vos honoraires, un travail plus diversifié que dans un service spécifique hospitalier, une relation patient-infirmière souvent plus forte qu’en milieu hospitalier. Pour ce qui est des inconvénients, le départ à la retraite à 67 ans peut être un frein. De plus, le rythme de travail est généralement plus soutenu qu’à l’hôpital, car vous enchaînez les soins. Vous ne bénéficiez pas de congés payés, vous devez assurer la continuité des soins et à cela s’ajoute le travail administratif lourd, fastidieux et chronophage.
Pour exercer votre activité en libéral, vous devez vous inscrire à l’ordre national des infirmiers et infirmières si cela n’est pas déjà fait. Vous devez aussi vous enregistrer à l’ARS (agence régionale de santé) : cela vous permet d’obtenir un numéro Adeli pour votre identification. Un enregistrement à la caisse primaire d’assurance maladie est aussi obligatoire. La CPAM vous permet de bénéficier de feuilles de soins pré identifiées ainsi que d’une carte professionnelle de santé, qui prouve votre fonction. Rapprochez-vous ensuite de l’URSSAF de votre lieu d’implantation pour déclarer votre activité au centre de formalité des entreprises (CFE). Vous l’avez vu, vous dépendez maintenant de la CARPIMKO, vous devez donc y être affiliée.
Comme toute activité, la souscription à des assurances est obligatoire. Notons par exemple l’obligation d’adhésion à une responsabilité civile professionnelle. N’oubliez pas d’assurer vos locaux et votre véhicule.
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